Accompagner un proche malade ou en situation de dépendance implique souvent de nombreuses responsabilités : gestion administrative, coordination des professionnels de santé, entretien du logement, courses… Et, comme si cela ne suffisait pas, beaucoup d’aidants doivent également veiller à la préparation et à l’administration des médicaments.
La préparation des piluliers est un acte qui demande précaution, concentration et vigilance, afin d’assurer une prise médicamenteuse en toute sécurité. Dans cet article, je vous partage les règles essentielles, les bons réflexes et les points de vigilance à respecter pour effectuer un pilulier.
Comment bien préparer un pilulier ?
Pour commencer, assurez-vous de réaliser la préparation dans de bonnes conditions : lavez-vous soigneusement les mains, installez-vous dans un environnement propre, calme, bien éclairé, et vérifiez que le pilulier est vide et parfaitement nettoyé. La préparation doit toujours se baser sur l’ordonnance la plus récente, au nom de votre proche. Assurez-vous que chaque comprimé ou gélule paraisse conforme avant de le placer dans le pilulier : son aspect doit correspondre à ce qui est habituellement délivré. Bien que rares, des problèmes tels que la dégradation due à la chaleur ou à l’humidité, un souci lié au lot, ou une erreur de délivrance en pharmacie peuvent survenir.
Pour organiser efficacement le remplissage des piluliers semaine, il est préférable de procéder médicament par médicament, en suivant l’ordre de l’ordonnance, plutôt que de remplir le pilulier jour par jour. Concrètement, cela signifie que vous allez d’abord répartir le premier médicament dans toutes les cases correspondant aux jours et moments où il doit être pris, puis passer au deuxième, et ainsi de suite.
Après la préparation vient le contrôle du pilulier
Une fois le pilulier rempli, un double contrôle s’impose pour prévenir le risque d’erreur. En tant qu’aidant, vous pouvez tout d’abord effectuer un contrôle visuel : examinez l’aspect général, repérez les compartiments vides ou irréguliers et rectifiez les erreurs. Ensuite, effectuez un contrôle numérique : recomptez les médicaments dans chaque case pour vous assurer que chaque prise correspond au bon nombre de comprimés.
Anticipez pour éviter les mauvaises surprises
Pour les aidants comme pour les professionnels, anticiper reste le meilleur moyen de prévenir les imprévus et de faciliter la gestion au quotidien. Avant de préparer le pilulier, prenez l’habitude de vérifier vos stocks de médicaments pour ne pas être pris au dépourvu en période de fermeture des pharmacies, notamment les dimanches ou jours fériés. Veillez aussi à surveiller régulièrement les dates de péremption. Pour ne pas passer à côté d’un médicament expiré, vous pouvez vous fixer un rythme de vérification — par exemple en début de mois — et apposer un post-it ou un repère visuel sur les boîtes proches de leur échéance. N’oubliez pas les médicaments buvables, qui ont aussi une durée de conservation limitée après ouverture : pensez à noter la date d’ouverture directement sur le flacon pour éviter toute confusion.
La durée de validité de l’ordonnance doit elle aussi être contrôlée. Une ordonnance périmée rend impossible le renouvellement du traitement en pharmacie. Or, les délais pour obtenir un rendez-vous chez un médecin, et plus encore chez un spécialiste, peuvent être longs. N’hésitez pas à apposer un post-it bien visible sur l’ordonnance indiquant sa date d’expiration. Notez toutefois que certains médicaments sur la même ordonnance peuvent avoir des dates de validité différentes, ce qui nécessite une vigilance particulière.
5 conseils pour limiter le risque d’erreur lors de la préparation du pilulier
Pour un aidant, préparer un pilulier peut paraitre simple au premier abord, mais cette tâche répétitive demande rigueur et attention pour éviter les erreurs. Voici cinq conseils pour une préparation sereine et réussie.
1. Mettez-vous dans des conditions optimales
La préparation d’un pilulier exige une attention pleine et entière. Il est donc préférable de s’installer dans un environnement calme, bien éclairé et à l’abri des interruptions. Informez les personnes autour de vous que vous avez besoin de quelques minutes de concentration, sans être dérangé. Ce n’est pas une précaution excessive : la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelle que les interruptions de tâches comptent parmi les principales causes d’erreurs médicamenteuses. Une simple distraction peut suffire à compromettre la sécurité du traitement, surtout lorsqu’il s’agit de médicaments à posologie complexe.
2. Utilisez un pilulier semaine clair et lisible
Optez pour un pilulier semaine avec un affichage clair et facile à comprendre. Si votre proche prend ses médicaments seul, il est essentiel qu’il puisse identifier sans confusion le jour et le moment de chaque prise. Certains modèles indiquent les jours en toutes lettres, voire en couleurs différentes, ce qui facilite la lecture. Pensez aussi à inscrire le nom de la personne sur le pilulier, en particulier si plusieurs membres du foyer en utilisent un. Pour éviter toute confusion, choisissez des piluliers bien distincts pour chacun. Ces repères visuels permettent, juste avant la prise, de vérifier facilement que le pilulier correspond bien à la bonne personne, au bon moment et au bon jour.
3. Adaptez le modèle de pilulier à la posologie
Il existe une grande variété de piluliers semaine : certains incluent uniquement « matin – midi – soir », d’autres ajoutent « goûter », « coucher » ou encore « si besoin ». Choisissez un modèle qui reflète précisément la posologie du traitement. Un pilulier trop simplifié, ou au contraire trop complexe augmente les risques de confusion… et d’erreurs. L’objectif est de rendre le remplissage et la prise aussi intuitifs et sûrs que possible.
4. Vérifiez la sécurité du système de fermeture
Un bon pilulier doit offrir un système de fermeture fiable, avec un sens d’ouverture unique ou un cran de sécurité, afin de prévenir tout risque de mélange des médicaments en cas de chute ou de mauvaise manipulation. Ce critère est particulièrement important si le pilulier est déplacé régulièrement (par exemple dans un sac ou lors de déplacements médicaux).
5. Laissez les comprimés sous blister si possible
Lorsque le format du pilulier le permet et le médicament le permet, conservez les comprimés dans leur emballage d’origine. Cela permet de garder visibles le nom du médicament et son dosage, et facilite la vérification lors de la prise. En cas de chute ou de mélange des compartiments, vous pourrez plus facilement reconstituer le contenu sans devoir tout jeter ni demander un renouvellement d’ordonnance en urgence. Au moment de l’administration, cette méthode vous permet de revérifier qu’il s’agit bien du bon médicament et bon dosage.
Qui d’autre que l’aidant peut préparer le pilulier ?
Vous ne vous sentez pas à l’aise avec cette tâche ou ne souhaitez tout simplement plus la réaliser ? Sachez qu’il est tout à fait possible de déléguer la préparation du pilulier à un infirmier libéral.
En revanche, les aides-soignants et auxiliaires de vie ne sont pas habilités à préparer les médicaments. Leur rôle se limite uniquement à accompagner la personne lors de la prise du traitement déjà préparé.
👉Vous aidez un proche malade ou en perte d’autonomie ? Découvrez ici nos formations en ligne conçues pour faciliter votre quotidien et vous aider à offrir le meilleur à votre proche.
Références
Haute Autorité de santé. (Janvier 2016). L’interruption de tâche lors de l’administration des médicaments « Comment pouvons-nous créer un système où les bonnes interruptions sont autorisées et les mauvaises bloquées ».
OMéDIT Centre Val de Loire. (18 mars 2015). Guide « Les Bonnes Pratiques de réalisation des piluliers« .
Cet article contient des liens affiliés.