On le sait désormais : vivre avec une maladie chronique s’accompagne souvent d’une diminution de l’activité physique. Pourtant, bouger—peu importe l’âge ou l’état de santé—reste l’un des gestes les plus simples et les plus efficaces pour freiner la progression de la maladie, soutenir les traitements et améliorer la qualité de vie.
La bonne nouvelle ? Il existe désormais une voie sûre et accessible à tous : l’activité physique adaptée. De quoi s’agit‑il précisément ? Et comment, en tant que proche aidant, encourager votre conjoint, parent ou enfant à se remettre en mouvement ? Voici l’essentiel pour comprendre le principe de l’activité physique adaptée, en apprécier les bénéfices et les leviers pratiques pour l’ancrer durablement dans le quotidien.
Activité physique, sport, activité physique adaptée : de quoi parle t on ?
L’OMS définit l’activité physique comme « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques entraînant une dépense d’énergie ». Certains actes quotidiens tels que jardiner, marcher jusqu’à la boulangerie ou accomplir des tâches ménagères peuvent être considérés comme tel.
Le sport appartient à cette grande famille, mais y ajoute une dimension structurée — entraînement planifié, règles codifiées, recherche de performance et parfois compétition. Un cadre qui motive certains, mais peut rebuter d’autres, en particulier lorsqu’une maladie chronique complique l’effort ou que la pression du résultat fait peur.
C’est ici qu’intervient l’activité physique adaptée. Conçue pour toute personne qui ne peut pas pratiquer d’activité physique ou sportive dans des conditions ordinaires — en raison d’une maladie chronique, d’un handicap ou de l’âge — cette discipline propose des exercices adaptés aux besoins de chacun.
Quel intérêt de l’activité physique adaptée ?
Lorsque l’on vit avec une maladie chronique, il devient souvent difficile de rester actif. Le corps bouge moins, les efforts se font rares, ce qui entraîne progressivement un déconditionnement physique : les muscles perdent en force, le souffle diminue, l’énergie baisse, et l’état de santé général s’altère. Ce phénomène impacte non seulement le corps (muscles, cœur, métabolisme), mais aussi le moral et la vie sociale. On observe également une modification de la composition corporelle, rendant la personne plus fragile face à la maladie. Il faut aussi rappeler que l’inactivité physique est aujourd’hui reconnue comme l’un des principaux facteurs de risque des maladies chroniques non transmissibles. D’où l’importance d’agir au plus tôt pour prévenir ce déconditionnement, ou à défaut, en limiter les effets.
L’objectif de l’activité physique adaptée (APA) est clair : permettre à chaque personne, quels que soient son âge ou sa pathologie, de gagner en autonomie et d’avoir la meilleure qualité de vie possible. Ses effets positifs sont nombreux et concernent à la fois le corps, le mental, les fonctions cognitives et la vie sociale.
Sur le plan physique
Sur le plan physique, l’APA permet de travailler l’endurance, la souplesse, la coordination, les musculation, l’équilibre… Des progrès qui permettent notamment de réduire les risques de chute et d’améliorer la mobilité au quotidien. En reprenant doucement des habitudes actives, il est possible de freiner l’évolution de certains symptômes – comme par exemple dans la maladie de Parkinson – et retrouver un meilleur confort de vie.
L’APA aide aussi à mieux dormir, en réduisant les troubles du sommeil comme l’insomnie, tout en participant à la prévention d’autres maladies chroniques. Elle peut même contribuer à limiter les effets indésirables de certains traitements.
Sur le plan psychologique
Sur le plan psychologique, l’activité physique adaptée joue un rôle clé dans la réduction des symptômes dépressifs, de la peur de chuter, et du stress. En bougeant à nouveau, la personne reprend confiance en elle, apprend à mieux connaître ses nouvelles capacités, à les accepter et à les exploiter pleinement. C’est aussi un moyen de se reconnecter à son identité personnelle et sociale, souvent mise à mal par la maladie.
Sur le plan cognitif
Sur le plan cognitif, de nombreuses études montrent que l’activité physique adaptée peut prévenir, retarder ou soulager certains troubles liés au fonctionnement du cerveau. Elle aide à maintenir des capacités comme la mémoire, l’attention ou la concentration, et soutient la capacité du cerveau à s’adapter, à créer de nouvelles connexions (c’est ce que l’on appelle la plasticité neuronale). Cela peut être particulièrement utile pour les personnes âgées ou celles présentant de légers troubles cognitifs.
Sur le plan social
Pour finir, l’activité physique adaptée favorise la dimension sociale. Elle encourage les échanges, que ce soit lors d’activités en groupe, en famille ou entre amis. Ces moments de partage brisent l’isolement, redonnent de la motivation et aident à maintenir la pratique dans la durée. Cela peut être l’occasion d’entretenir le lien avec les petits-enfants, de vivre des moments de complicité en famille, et de renforcer le sentiment d’appartenance…
L’activité physique adaptée n’est donc pas simplement une façon de bouger : c’est un véritable outil thérapeutique, qui permet de mieux vivre avec une maladie chronique au quotidien. En tant que proche aidant, vous pouvez encourager, soutenir et accompagner votre proche dans cette démarche, étape par étape.
Comment motiver son proche à pratiquer un exercice physique régulier ?
La pratique d’une activité physique adaptée peut être considérée comme un véritable outil thérapeutique. Cependant, pour que ses bienfaits soient durables, il est crucial que cette activité devienne une habitude à long terme. En tant que proche aidant, le défi n’est donc pas seulement convaincre votre proche que l’activité physique est nécessaire, mais de lui permettre de s’engager dans une pratique durable et adaptée à ses besoins et capacités.
L’importance de l’engagement et de la motivation
L’engagement de votre proche est un facteur clé pour maintenir une activité physique régulière. La motivation est souvent nourrie par le plaisir que l’on trouve dans la pratique, plutôt que par une pression extérieure. L’activité physique adaptée offre désormais une grande diversité d’activités : marche, gym douce, danse… L’objectif est donc de trouver une activité qui puisse être intégrée au quotidien, et qui ne soit pas vécue comme une contrainte. Plus l’activité est plaisante, plus votre proche sera enclin à la poursuivre.
Vous pouvez aussi prêter attention à la perception de l’effort. Si l’activité est ressentie comme trop intense ou inconfortable, elle peut vite devenir décourageante. À l’inverse, des efforts adaptés à ses capacités favoriseront la régularité.
Créer une routine et renforcer le soutien social
Une autre stratégie pour encourager la pratique régulière de l’APA est d’intégrer l’activité dans une routine quotidienne. En quelques mois, cela deviendra une habitude bien ancrée qui deviendra plus facile et naturelle.
Le soutien social ne doit pas non plus être sous-estimé. Vous, en tant qu’aidant, mais aussi l’entourage proche, les amis, les professionnels de santé, ou encore des groupes de soutien peuvent aider à renforcer la motivation de votre proche. Des partages d’expériences, des rencontres pour pratiquer ensemble, ou même des rendez-vous fixés avec des professionnels sont autant de moyens de garantir l’engagement à long terme.

Lever les freins et déconstruire les croyances limitantes
De nombreux freins à la pratique peuvent exister : la fatigue, la douleur, les effets secondaires des traitements, la peur des blessures… Mais un des obstacles les plus importants est celui des croyances limitantes. Beaucoup de personnes atteintes de maladies chroniques se pensent incapables de pratiquer une activité physique, en raison de leurs symptômes ou de leur manque d’énergie, ce qui les plonge dans le cercle vicieux du déconditionnement physique.
En détruisant ces fausses croyances et en fournissant des informations claires, vous pouvez motiver votre proche à se lancer dans la pratique d’une activité physique adaptée. Il peut par exemple être utile d’expliquer en quoi consiste cette activité, ses bienfaits…
Valorisez votre proche
Pour terminer, ne minimisez pas l’importance de valoriser les efforts fournis par des félicitations sincères et de reconnaître les progrès, aussi petits soient-ils. Cela contribue à renforcer le sentiment de satisfaction et à maintenir l’enthousiasme pour la pratique physique. Par ailleurs, vous pouvez conseiller à votre proche d’utiliser des outils tels qu’un journal d’activité ou des applications de suivi, qui permettent de mesurer les progrès et de maintenir l’engagement à long terme.
3 conseils pour aider son proche à pratiquer une activité physique adaptée
1. La sécurité avant tout
L’activité physique adaptée est un formidable levier de bien-être pour les personnes atteintes de maladie chronique, mais elle doit toujours être pratiquée dans un cadre sécurisant. En tant que proche aidant, vous pouvez veiller à ce que cette activité soit ajustée et personnalisée en fonction des capacités de votre proche, en tenant compte de son état de santé, de ses limites, de sa pathologie… L’objectif est avant tout d’éviter tout risque inutile en privilégiant une pratique sécurisée.
2. Prévenir le sentiment d’échec
Pour soutenir votre proche dans la pratique de son activité physique adaptée, vous pouvez également l’aider à trouver le bon équilibre entre effort et récupération. Il ne s’agit pas de faire « toujours plus », mais de pratiquer de manière adaptée, en tenant compte de sa fatigue, des effets secondaires des traitements, ou des fluctuations de la maladie. Encouragez-le à s’écouter, à respecter ses ressentis et à accepter les jours « sans », sans se culpabiliser.
Le sentiment d’échec peut être un frein majeur à la motivation, notamment si la personne ressent une baisse de forme ou n’atteint pas ses objectifs. Pour l’éviter, accompagnez-le dans la fixation d’objectifs réalistes et accessibles. L’idée n’est pas la performance, mais la régularité à long terme. Et si un objectif devient trop difficile à atteindre, il mieux vaut réajuster l’activité.
3. Se faire accompagner par un professionnel
L’accompagnement par des professionnels qualifiés peut grandement faciliter la mise en place et le maintien d’une activité physique adaptée pour votre proche. Il existe aujourd’hui des enseignants en activité physique adaptée spécifiquement formés pour élaborer des programmes personnalisés et sécurisés.
Leur rôle va bien au-delà de la simple pratique physique : ils participent à l‘information, au soutien de la motivation, et à l’accompagnement dans la durée. En adaptant les exercices à l’évolution de la maladie chronique, ils préviennent les risques et aident à renforcer la confiance de la personne dans ses capacités. C’est une ressource précieuse sur laquelle vous pouvez vous appuyer en tant que proche aidant.
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Références
Inserm. (2019). Activité physique – prévention et traitement des maladies chroniques. Expertise collective – synthèse et recommandations.
Organisation mondiale de la Santé. (26 juin 2024). Activité physique.
France Parkinson. Webinaire du 23 avril 2025 : l’intérêt de l’activité physique en début de maladie.