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Dépression : 5 idées reçues à déconstruire

La dépression est une maladie bien plus répandue que l’on ne l’imagine, puisqu’elle concerne environ 15 à 20 % de la population générale. Pourtant, malgré sa fréquence, elle reste largement incomprise. Encore aujourd’hui, de nombreuses idées reçues circulent sur ce trouble, alimentées par des stéréotypes, des jugements erronés, un manque d’information… Ces fausses croyances ne sont pas anodines : elles peuvent renforcer la souffrance psychologique, freiner la demande d’aide, et aggraver les symptômes de la dépression. Elles peuvent aussi contribuer à l’isolement, au sentiment de culpabilité et à la stigmatisation des personnes concernées.

Dans cet article, nous vous proposons de déconstruire cinq idées reçues courantes sur la dépression, ses causes, ses symptômes, ses traitements et la manière d’en parler avec un proche. Car mieux comprendre ce qu’est réellement la dépression, c’est déjà un premier pas pour mieux aider ceux qui en souffrent.

1. « C’est une question de volonté ! »

L’une des idées reçues les plus tenaces sur la dépression est de croire qu’elle serait simplement liée à un manque de volonté, de force ou de courage. On entend parfois des phrases comme : « c’est de sa faute, il n’a pas assez de volonté » — or, ce raisonnement est erroné. On ne tiendrait jamais de tels propos à une personne atteinte d’un cancer, alors pourquoi le ferait-on avec une personne en dépression ?

En effet, il est important de comprendre que la dépression est reconnue comme une maladie à part entière. Dans cette pathologie, il existe un vrai déséquilibre dans le système cérébral, en particulier au niveau de certains neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur et des émotions comme la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. L’esprit est en souffrance, désorganisé, incapable de fonctionner normalement. Ce n’est donc pas une question de paresse ou de laisser-aller, mais bien d’un état pathologique qui altère profondément les réactions et agissements de la personne.

Par ailleurs, sachez que certains symptômes peuvent rendre la réalisation de simples gestes du quotidien extrêmement difficiles, voire insurmontables. La fatigue en est un bon exemple. Elle est souvent perçue comme de la « flemme » ou un manque d’implication par l’entourage, alors qu’il s’agit en réalité d’un symptôme bien réel, se traduisant par un épuisement profond, qui ne disparaît pas avec du repos.

2. « Ça va passer tout seul ! »

Beaucoup de personnes confondent déprime passagère et dépression, ce qui contribue à banaliser cette dernière. Il est vrai que tout le monde traverse, à un moment ou un autre, des épisodes de tristesse, de fatigue ou de découragement, généralement en réaction à des événements de vie difficiles comme un deuil, une rupture, des conflits familiaux, une perte d’emploi ou encore des difficultés financières. Ces états, bien que douloureux, sont normaux et transitoires : ils tendent à s’atténuer avec le temps, sans nécessairement nécessiter de prise en charge médicale.

En revanche, la dépression est une pathologie bien distincte, qui s’installe dans la durée et s’accompagne d’une souffrance profonde et persistante. Elle ne se résorbe pas spontanément avec du repos, du temps ou des distractions. Comme pour toute autre maladie, elle nécessite une prise en charge adaptée, un suivi professionnel et un soutien bienveillant de l’entourage.

Dire à un proche « ça va passer » est à éviter, car cela peut donner l’impression que vous minimisez sa douleur et manquez de considération, ce qui risque d’entretenir des symptômes comme le sentiment de culpabilité.

3. « Parler d’idées suicidaires, surtout pas ! »

Beaucoup pensent que parler d’idées suicidaires avec un proche pourrait les provoquer, mais c’est une idée reçue. En réalité, si vous vous en sentez capable, il est tout à fait possible — et même utile — de poser la question directement. Lui offrir l’opportunité d’en parler, c’est lui donner un espace pour se confier, ce qui peut lui apporter un véritable soulagement. Faire l’effort d’engager la discussion, même maladroitement, vaut souvent mieux que de ne rien faire, souvent interprété comme un manque d’intérêt. N’ayez pas peur d’ouvrir la conversation.

Une personne en détresse ne cherche pas forcément une solution ou un conseil, mais avant tout une oreille attentive, capable d’accueillir ses émotions et ses ressentis sans les minimiser ni les rationaliser. En l’écoutant avec attention et bienveillance, vous lui permettez de se sentir soutenu. Cela vous aide aussi à mieux cerner ses besoins et ses attentes, pour ajuster votre posture et vos actions avec plus de justesse et de sens. Laissez-le parler et s’exprimer librement, sans l’interrompre, et accordez-lui le temps dont il a besoin pour s’ouvrir.

4. « On ne guérit jamais vraiment de la dépression »

Il est fréquent que les personnes dépressives, notamment après plusieurs épisodes, doutent de la possibilité de guérir. Pourtant, la dépression se soigne, même si cela demande du temps. Il existe des traitements efficaces. Et avec une prise en charge adaptée, il est tout à fait possible de retrouver un équilibre et une qualité de vie satisfaisante.

En revanche, la dépression ne peut pas se traiter sans aucune aide. Un suivi thérapeutique régulier, l’adhésion au traitement ainsi que le soutien de l’entourage sont essentiels dans le processus de guérison.

Il est aussi important de savoir que les risques de rechute sont élevés, en particulier lorsque la dépression a été mal ou partiellement prise en charge. Beaucoup de personnes interrompent leur traitement trop tôt, parfois sans en parler à leur médecin. Conséquence : la dépression réapparaît, parfois avec plus d’intensité. Ce phénomène s’explique en grande partie par un manque d’information sur l’importance d’un suivi régulier et sur la fréquence des rechutes. Pourtant, ces dernières peuvent souvent être évitées grâce à un traitement au long cours, associé à une psychothérapie régulière.

5. « Prendre un antidépresseur est obligatoire »

Les antidépresseurs sont utiles, mais pas systématiquement prescrits. Le médecin évalue la situation au cas par cas et peut proposer d’autres approches : un accompagnement sans médicaments, le recours à d’autres médicaments tels que les anxiolytiques…

Un autre facteur déterminant dans la nécessité de recourir aux antidépresseurs est le temps écoulé avant la prise en charge. Plus on laisse la dépression s’installer, plus elle a tendance à s’aggraver, rendant le traitement plus lourd et complexe. Dans ces cas, la prescription d’antidépresseurs devient souvent indispensable. En revanche, lorsque le suivi débute tôt, il a plus de chances d’être léger, avec des symptômes qui peuvent parfois être soulagés sans recours aux médicaments.

Cela dit, suivre une thérapie reste vivement recommandé. Les médicaments soulagent les symptômes, mais ils ne traitent pas les causes profondes de la dépression. C’est le travail thérapeutique —avec un psychologue par exemple — qui permet de comprendre l’origine du mal-être et de s’en libérer durablement.

Pour finir, il est important de rappeler que les antidépresseurs ne rendent pas dépendant, contrairement à certaines idées reçues. Bien prescrits et bien suivis, ils représentent un outil efficace pour surmonter la phase aiguë de la maladie.

Mieux comprendre la dépression pour mieux accompagner

Lorsqu’un proche souffre de dépression, on veut souvent bien faire… Mais sans comprendre réellement ce qu’il traverse, on peut parfois, malgré soi, dire ou faire des choses qui blessent ou isolent davantage. La dépression n’est pas toujours facile à appréhender, c’est pourquoi mieux la comprendre est une première étape essentielle pour offrir un soutien réellement adapté et bienveillant. S’informer et se former permet non seulement d’aider l’autre de manière plus juste, mais aussi de se sentir soi-même plus serein, plus confiant dans son rôle de proche aidant. Cela permet notamment :

  • De mieux comprendre ce que l’autre traverse, en identifiant les symptômes et les mécanismes de la dépression, y compris ses formes chroniques.
  • De lutter contre les idées reçues et éviter de véhiculer des clichés ou des jugements involontaires.
  • De savoir quoi dire et comment réagir, y compris dans les moments délicats où l’on se sent souvent impuissant ou dépassé.
  • De montrer à votre proche que vous êtes là, engagé et impliqué pour son mieux-être.
  • D’avoir le sentiment de faire de son mieux, de faire son maximum pour l’aider à aller mieux.

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